Bienvenue sur mon blog. "Irving Rutherford", c'est mon pseudo, et c'est aussi un roman feuilleton qui paraît tous les mardis. Je sais pas vous, mais moi je déteste les écrivains qui racontent leur vie, même si c'est un peu ce que je fais. Alors du coup j'arrive pas à m'empêcher de rajouter deux ou trois trucs en plus, pour agrémenter le quotidien.
Si c'est votre première visite, je vous invite à lire un épisode ou deux. Chacun peut se lire indépendamment, mais le tout est relié par une continuité, et les vieux épisodes sont gardés dans les archives.
Je souhaite une bonne lecture aux nouveaux lecteurs comme aux habitués.


23 février 2010

24. Vincent fée du logis

La pluie triste fait fondre les vitres à petit feu, et nous bouffe la lumière. Mon fief s'étend du lit au canapé, et l'unique lampe de la pièce le baigne d'une lumière faible et inutile. C'est la fin de l'après-midi et on y voit déjà plus à trois mètres. Seul sur mon petit domaine, je regarde les fenêtres se dissoudre lentement, et la pluie grise et fine qui rend flou l'immeuble d'en face.
Mais il faut plus qu'une roquette pour m'abattre. J'ai un haussement d'épaules involontaire, suivi d'un sourire nerveux. Je triture du bout de l'ongle le post-it que j'ai en main, comme pour effacer l'encre, comme pour révéler un trucage. J'essaye de ne pas reconnaître ma propre écriture.
Vincent passe dans le salon, et ramasse plusieurs vêtements que j'ai laissé traîner. Il me conseille de lâcher l'affaire, et d'admettre que j'ai simplement oublié un passage. Il insinue à mots couverts que je n'ai pas toute ma tête en ce moment.
Sans lever mes yeux du morceau de papier, je lui rappelle que je ne lui ai pas faussé compagnie depuis mon retour à Paris.
-La nuit on dort, me répond-il. Tu es peut-être somnambule.
-Et comment j'aurais fait tout seul pour faire bouger la stèle ?
-J'ai vu un documentaire une fois... Il paraît que les somnambules ont une force démesurée.
Il ne semble pas y croire lui-même. Pour changer de sujet, il me reproche de me laisser aller, et de me complaire dans la déprime. Il m'envoie les fringues qui traînaient par terre à la gueule, en me rappelant que je suis chez lui ici.
Je m'enfonce dans le canapé. Vincent s’affaire à ramasser tout ce qui traîne, à nettoyer là où ça part. Je lui demande si sa Martine ne lui rend pas visite ce soir, par hasard.
-Non, c’est juste que j’aime faire le ménage.
-Sérieux ?
-Mais non, connard. Elle vient manger ce soir. La copine de Xavier aussi.
Je porte le post-it devant moi, face à la fenêtre, pour essayer de voir par transparence s’il ne contient pas un message caché. Mais l’extérieur est sombre, et il n’y a sans doute pas assez de lumière pour le deviner.
-Tu sais, me dit Vincent, je sais que c’est dur de perdre ta collection de bandes dessinées comme ça. On sait tous à quel point ça comptait pour toi.
-Ca et d’autres trucs.
-Mais mec, putain, deviens pas un légume de canapé. Faut profiter du temps que t’as.
-Pour faire quoi ?
-Pour apprendre à jouer du violon. A ton avis, bordel ? Tu veux être écrivain, merde…
Il va continuer son rangement dans une autre pièce. Je contemple l’écran éteint de la télévision, en m’avouant que c’est toujours moins chiant de continuer à écrire que de fabriquer une super-antenne pour capter les chaînes étrangères. Et si j’arrive pas à écrire convenablement, je pourrai toujours demander à Vincent de trouver une autre console de jeu.
La pluie se fait plus fine, si c’est encore possible. Le monde de dehors devient presque liquide, et garde cette teinte sombre et grise. Mais l’hiver touche à sa fin et bientôt nous pourrons sortir, et découvrir Paris au printemps, avec ses rues éventrées et son bourdonnement sourd qui annonce la fin de tout ce que nous connaissons.
J’apprends à connaître ce canapé, et j’apprends à connaître ce post-it que je ne me souviens pas avoir écrit. Ils me restent pourtant mystérieux, parce que je ne suis pas assez grand pour envisager les choses de haut. Je ne suis pas assez vivant pour sortir sous la pluie sans me dissoudre.

«-Je ne sais plus si je veux encore être chevalier.
-Ça dépendra de quoi ?
-Ça dépendra de rien. Ça dépendra du temps qu’il fera demain et des femmes que je rencontrerai la semaine prochaine. Et puis aussi du nombre de gobelins encore en vie qui parcourent les terres de Brukaris.
Le fidèle Morgados posa un regard attristé sur son ami Paxton Fettel. Les chevaliers étaient nombreux, et notre héros n’était pas le meilleur d’entre eux. Les gobelins se faisaient rares, dorénavant. Mais une clameur venant de l’est faisait état d’une armée de démons qui s’établissait aux portes du Monde.
Au final, les forces du mal n’étaient jamais loin, et les chevaliers n’étaient jamais assez nombreux. Et Morgados savait pertinemment que si son ami doutait, c’est parce que le grand mage Pielosk l’avait forcé à manger six elfes vierges pour asseoir sa puissance. »

Xavier pose les feuilles de papier sur la table, d’un mouvement brusque.
-Putain mec, grogne-t-il, on va manger !
-Désolé.
Je touille mollement les tomates, qui semblent prendre leur temps pour cuire. Mais c’est peut-être parce que nous chauffons tout à feu doux pour rationner notre bouteille de gaz. Pendant que Xavier poursuit sa lecture, Vincent vient m’apporter une petite barquette de viande hachée, en me conseillant vivement de ne pas la faire cramer.
-Si tu savais ce que j’ai dû faire pour l’avoir…
-Ah bon ? Tu veux en parler ?
-Ta gueule, répond-il avec un sourire amusé.
Précautionneusement, j’ouvre la barquette et pioche un petit bout de viande pour le porter à ma bouche. Le bœuf a le goût du monde d’avant. Il apporte avec lui les brasseries et les mac-dos.
Xavier pose une fois de plus les feuilles et me regarde avec perplexité. Il a l’air de s’inquiéter sincèrement.
-Mec, dit-il, c’est pas grandiose.
-Je sais.
Il pose sa main sur son épaule, et je fais un effort pour ne pas faire de blague vaseuse. Je me concentre sur mes tomates à remuer, et sur cette viande qui attend d’être dégustée. J’essaye de me maintenir debout, et je me persuade que c’est ça qui engloutit mon énergie. Je dis des mensonges, et je fais de la cuisine pour ne pas avoir à me remettre au travail.
Il me reste de l’énergie, et c’est pas comme si j’avais rien à raconter. Mais j’ai faim, et j’ai envie d’être triste et paumé. Je règne sur le canapé, sur le lit, et je remets le reste à demain.

-T’écris toujours des trucs qu’on comprend pas ?
Je regarde la Martine de Vincent, qui me sourit d’un air espiègle. Je lui réponds que oui, mais qu’en ce moment j’essaye de faire des efforts. Je lui passe la casserole de spaghettis bolognaises en lui promettant qu’elle m’en dira des nouvelles.
-Moi, déclare la Martine de Xavier, j’ai du mal avec la fiction, je préfère les livres qui t’apprennent des trucs.
Je jette un regard à Xavier, qui mâche ses pâtes en souriant. Vincent me ressert du vin et change de sujet. J’ai l’impression que les choses rentrent peu à peu dans l’ordre. Nous savourons nos spaghettis en célébrant la fin imminente de l’hiver, et je me remets à écrire des petites histoires qui font sourire.
Je suis moins mégalomane, et j’en viens à m’en foutre de savoir comment j’ai pu aller glisser un post-it dans mon propre cercueil sans m’en rendre compte. Je boite moins qu’avant, et bientôt je ne serai plus obligé de rester sur le canapé toute la journée. Vincent a rangé son appartement, et même s’il est petit il nous servira de refuge jusqu’à ce que les choses rentrent dans l’ordre. De toute manière on passera l’été dans les parcs publics, à bronzer avec des gilets pare-balles.
Xavier me glisse que les aventures de Paxton Fettel prennent un tournant qui le déconcerte un peu, et se demande si je ne vais pas perdre mon lectorat. Il se fait la réflexion que je devrais continuer à écrire sur ma vie.
-J’en ai fini avec Irving Rutherford, dis-je fièrement. Le monde a besoin de chevaliers.
-T’es pas le chevalier. T’es toujours ce pédé de magicien.
-C’est parce que c’est vraiment trop cool de balancer des boules de feu.
Vincent ramène un paquet de cigarettes du placard rempli, et nous en propose une à chacun. Nous fumons avec délice et nous appliquons diaboliquement à mettre nos cendres dans les assiettes vides, parce qu’on ne sait pas qui fera la vaisselle.
Les deux Martines parlent entre elles, avec ardeur, de tout et de rien. Soudain on frappe à la porte et personne ne le remarque, sauf Vincent. Il va ouvrir d’une main tremblante, et je comprends instinctivement que personne n’est sensé connaître cette adresse.
Il fait entrer un homme que nous espérions ne jamais revoir. Xavier tressaille, et sans se lever de sa chaise, se saisit d’un couteau de cuisine. Le chef des révolutionnaires pénètre dans l’appartement avec un sourire satisfait, sûrement ravi de l’effet qu’il produit. Il vient s’asseoir à notre table avec un air paisible, sans lance-roquette et sans homme de main.
Vincent ferme la porte, qui claque dans le silence sombre, et vient pesamment s’asseoir à son tour. L’homme nous demande une cigarette, que Vincent lui accorde d’un hochement de tête. Il se l’allume en m’adressant un clin d’œil dont je ne parviens pas à déceler l’utilité. Peut-être pour me dire qu’il s’excuse de m’avoir tué.
-On vous a pas oublié, dit l’homme.
-Comment vous nous avez trouvé ? demande Vincent.
-On a des nouvelles recrues. Des nouveaux horizons. Bref, on s’agrandit.
Il met lui aussi ses cendres dans une assiette vide, par mimétisme. Il nous annonce que la révolution ne faiblit pas, et que c’est probablement notre dernière chance de suivre le mouvement. Qu’il a besoin de bricoleurs comme Xavier et de réapprovisionneurs comme Vincent. J’écrase ma cigarette, en déclarant que de toute manière il n’a pas besoin d’écrivains, avant d’aller rejoindre mon cher canapé.
-Mais Irving Rutherford est déjà de notre côté, répond-il avec malice.
Je suis pris de sueurs froides sans savoir pourquoi. Je m’installe sur le canapé en m’accrochant furieusement à mes bonnes résolutions, mais ce type me fait douter comme un enculé.
-Je suis Sancho, se présente-t-il en tendant la main à Vincent.
-On veut juste avoir la paix, répond ce dernier en ignorant la poignée de main qui s’offre à lui.
-Le truc c’est que les choses ne risquent pas d’évoluer calmement.
Il a sans doute raison. De mon canapé, j’écoute la voix lointaine de Vincent qui s’énerve, et les ongles de Xavier qui crissent sur le manche du couteau. Irving Rutherford se trouve toujours du côté des roquettes et des émeutes. Il ne peut pas s’en empêcher, parce que le mouvement est sa vie. Il transporte sur son dos les batailles épiques et les voyages absurdes. Et je me bats sans cesse contre lui pour avoir une vie calme.
Sancho finit par quitter l’appartement, en jurant qu’il ne nous enverra plus de roquettes. Il regrette que nous n’arrivions pas à nous adapter à la mouvance générale. Pour toute réponse, Vincent hausse les épaules, espérant sans doute que les choses n’aillent pas plus loin.
-Moi je dis qu’on aurait dû tuer ce fils de pute, lâche Xavier entre ses dents.
On ne veut plus subir. On veut des spaghettis bolognaises et des jours sans combat. Surtout, on veut être plus intelligents que les autres, même si c’est impossible.


Note : Caser une scène d’action

Prochainement : Xavier le ninja

14 commentaires:

  1. Bravo Irving, tu développes ton style avec une véritable force et chaque semaine j'ai l'impression de lire ta meilleure nouvelle. Continue et tu deviendras un écrivain de valeur. Mais il faudra que tu penses à tuer Xavier qui n'a aucune utilité dans tes histoires, non ? Il te sert de simple interlocuteur, sans saveur ni particularités, alors que Roger lui avait une vraie personnalité marquée. Débarrasse toi des personnages inutiles !

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  2. tout mé zami vote pour moi, pour que je gagne le mini quad !!!!!!!!

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  3. Ces nouvelles vaudraient le coup d'œil ? Je viens d'en lire 12 épisodes et je crois que j'ai jamais rien lu d'aussi affligeant. Mais j'ai bien envie de voir si les futures nouvelles seront dans la même lignée que les autres, qui ne valent absolument rien.

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  4. Bonjour en tant que fan de Gilbert Bécaud j'ai beaucoup aimé votre dernière nouvelle, bien qu'elle soit osée, et j'aurai voulu savoir si vous en avez prévu de semblables avec d'autres personnalités telles que Daniel Balavoine ou C. Jérôme ?

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  5. Au risque de vous décevoir, la réponse est non.

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  6. Bonjour Irving,
    Je suis Sarah j'ai 16 ans et je vis près de Paris. Voilà pour les présentations conventionnelles!
    J'ai découvert votre blog grâce à mon frère, âgé de 6 ans de plus que moi, qui est d'ailleurs celui qui m'a introduit aux premières notions de la recherche spirituelle par la littérature. Aujourd'hui il a déménagé à Londres, je continue donc ma recherche seule.
    Ca fait quelques jours que je parcours votre blog et je dois dire que j'en apprend énormément et que ça a remis en question ma façon de voire les choses, si bien que j'ai eu aujourd'hui ma première véritable expérience.
    Je m'excuse en avance de ce commentaire qui va être long mais n'ayant personne à qui en parler, j'aimerai avoir votre avis car votre expérience littéraire m'encourage.

    Pour vous mettre dans le contexte, j'ai d'abord été introduite à l'écriture par le fait de vouloir essayer de faire une nouvelle. Je n'ai bien sûr pas réussi, je n'étais pas prête et ma démarche n'avait aucun intérêt, je le sais maintenant (et c'est le principal). Cependant ça m'avait amené à "activer" mon chakra frontal (3e oeil si je ne me trompe pas). Et puis d'un coup je me suis dis "maintenant, il faut lâcher prise" et je l'ai fait, j'ai vraiment réussi à écrire librement en lâchant prise totalement. Je me suis sentie réellement ouverte à l'Univers, je ne sentais plus mon corps physique. En fait ce que je ressentais, c'était que je n'étais plus mon corps physique et que je n'en avais même pas besoin. J'étais dans un état de transe créatrice extrême, je ne m'étais jamais sentie aussi bien. Les mots "Paix", "Amour" et "Harmonie" prenaient tout leur sens d'un coup et paraissaient juste évidents. Ensuite c'est difficile à expliquer, des flots de pensées se sont déversés en moi, elles paraissaient venir de moi mais aussi de l'extérieur, de quelque chose d'inconnu jusqu'à présent. C'était comme si c'était moi qui les écrivait (dans ma tête, pas à voix haute) et pas moi en même temps. Comme si on me les chuchotait à l'oreille mais ça paraissait tellement évident que ça ne pouvait venir que de moi-même. Il y a eu énormément de phrases qui tournaient toujours autour de la vie, de l'Éternel, de la Paix, de l'Amour, de l'Harmonie, de moi, du monde, de tellement de choses que je ne peux plus m'en souvenir. Je peux affirmer que je ne m'étais jamais sentie aussi bien aussi harmonieuse et en paix avec moi-même. Et ça venait du fait que le flot de pensées apaisantes qui se déversaient en moi, je les écrivais mais surtout je les ressentais comme une Vérité inéluctable.
    Ensuite, ça s'est atténué peu à peu et je suis revenue dans un état juste détendu. Je suis restée comme ça et j'ai essayé de me demander combien de temps ça faisait que j'étais comme ça mais je n'avais plus aucune notion du temps! Puis je me suis levée de ma chaise progressivement et j'ai regardé l'heure, 11h15. Avec le temps de relaxation avant et après, ça avait duré une demi-heure où j'ai été un peu dans un état secondaire, à écrire sans m'arrêter, mais ça m'a paru une éternité.

    Depuis, je me sens vraiment bien, en fait j'ai l'impression d'avoir trouvé quelque chose qui était en moi mais qui était bien enfoui et le fait de m'être ouverte et d'avoir lâché prise a été comme une clé qui a ouvert une porte cachée, celle de l'écriture véritable. Mais ce qu'il y avait derrière cette porte était juste évident, il fallait juste trouver la clé.

    C'est pourquoi je vous souhaite bonne chance, Irving, dans votre quête littéraire. Quand je vous lis je sens que vous êtes proche du but suprême.

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  7. Sarah, tu nous as laissé un très long commentaire touchant et plein de malice. Je suis sûr qu' Irving va apprécier et je te remercie à travers lui.

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  8. Tu parles à ma place maintenant Joel ? C'est du joli.

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  9. Bonsoir Irving, vous êtes vous reconnu à travers mon témoignage ? Je vous le demande à vous.

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  10. En fait pas vraiment. Quand ça m'arrive de partir complètement je ressens pas la paix, l'amour et l'harmonie. Mais je pense que ça se voit vu ce que j'écris.

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  11. Cet échange est proprement incroyable.

    Vincent.

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  12. Pardon Irving si je t'ai offensé en répondant à ta place, mais depuis le temps que je te lis on peut dire que nous sommes comme de vieux copains non ? Est-ce que quelque chose t'a offensé dans ce que j'ai écrit ?

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  13. Tu pars vraiment au quart de tour. C'est pour ça que j'adore te faire chier.

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  14. Moi ce que j'adore surtout c'est lire la nouvelle nouvelle du mardi le mardi et non pas le mercredi.

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